Le label Génération 2024 est mis en avant sur le fronton de l’école Michel et Jeannine Andrieux (anciens instituteur) et « d’autres labels vont suivre d’ici peu de temps : précise la Directrice de l’école à la délégation présente (Sarah, Mme CANTEAUT, IEN, M. MASSICOT CPCEPS, les représentants de la municipalité).
Cette école élémentaire rurale de 4 classes compte une équipe enseignante stable et investie dans des projets pédagogiques inscrits dans une réalité de territoire. « Pour donner envie de rester aux PE, il faut s’inscrire dans des projets, se sentir bien dans l’école. Nous avons choisi une identité autour de l’EPS. L’USEP est également très présente pour pallier au manque de clubs locaux, c’est l’occasion pour les enseignants de ce territoire d’échanger, imaginer, se retrouver ». L’engagement pour la promotion de la santé à l’école n’est pas nouveau, ni la place donnée à l’activité physique et sportive. Il y a de l’espace pour bouger dans la grande cour de récréation. Les enseignants observent l’activité physique des élèves pour adapter leurs propositions afin de favoriser la pratique physique ou l’intensité de celle-ci.
La programmation en EPS couvre de façon harmonieuse et équilibrée tous les champs d’apprentissage à partir d’APSA… peu habituelles pour certaines. C’est le cas du Double dutch que découvre Sarah à l’école lors de la séance EPS à laquelle elle participe. Plusieurs ateliers sont proposés aux élèves. « J’essaie de sauter le plus vite possible. Les tourneurs doivent accélérer. Ça fait du bien, on ne s’arrête pas, on doit continuer de sauter, on est essoufflé, trop essoufflé et … j’ai plus le temps de bien reprendre de l’air, j’arrive plus à sauter. Attends je récupère…. J’y retourne c’était bien », explique un des garçons du groupe. « Moi, je cherche à réussir, à bien sauter et m’amuser, des fois je fais des demi-tours… Des fois, je ne sais ce qui fait que je n’y arrive pas ». Il faut par binôme apprendre à tourner la ou les cordes à un rythme régulier pour permettre à d’autres de traverser et/ou sauter seuls ou à plusieurs, en variant sa vitesse, les figures de sauts, en inventant une chorégraphie. Les élèves s’organisent, assument les différents rôles, développent leur motricité et leurs capacités physiques. « Le double dutch nous apprend à faire équipe, à respecter et prendre soin des autres », explique une élève.
« Devant l’hétérogénéité des élèves, il faut que nous adaptions les propositions et laissions du choix aux élèves. Parfois au début, certains élèves commencent à sauter au-dessus de ligne ou de la corde posée au sol. Il faut pour certains pouvoir se repérer dans l’espace. Petit à petit, ils prennent confiance et progressent» ajoute une des enseignantes.
Dans la continuité du cycle 3, cette activité est également proposée au collège en EPS dès la 6ème. Les élèves de l’école s’entrainent, répètent et progressent également lors des 30mn APQ durant lesquelles les cordes sont à disposition. Une rencontre Double dutch avec le collège de Montlieu La Garde est prévue en fin d’année scolaire. Un temps de formation accompagné par les professeurs d’EPS a permis de partager une culture commune sur l’activité en questionnant l’égalité fille/garçon.
La visite commence par la classe de CP-CE1, qui travaille en français sur une histoire dont la thématique est la natation, actuellement programmée sur le bassin des Antilles de Jonzac et financée par la CDC Haute-Saintonge. « Pour pratiquer mon sport, il faut savoir nager. Savez-vous de quoi il s’agit ? ». Les élèves veulent savoir si son bateau se retourne. « Oui mais on le remet droit et on peut rentrer au port, on ne dort pas sur mon bateau. Il y a des bateaux pour faire du sport comme le mien et des bateaux pour se promener qui ne se retournent pas. Nous avons un entraineur qui nous aide pour redresser notre bateau ».
La visite se poursuit avec les classes de CE2-CM1-CM2 qui ont préparé beaucoup de questions.
« Comment peux-tu être maîtresse et être sportive de haut niveau ? L’éducation nationale m’a autorisée à être détachée de la classe. C’est-à-dire qu’elle me donne du temps pendant une année ou plusieurs pour que je puisse m’entrainer et participer aux différentes compétitions. Après les JO de Paris 2024, je redeviendrai maîtresse».
« Pourquoi avoir choisi être sportive de haut niveau à la voile ? » Sarah explique qu’à leur âge, elle pratiquait plusieurs sports, du tennis, de la danse, de la voile, du volley-ball. Elle raconte qu’elle a gardé ces deux dernières activités au collège, a progressé et eu de bons résultats en voile en compétition. « C’était pour moi, une opportunité pour faire de grands championnats en voile et donc j’ai donc privilégié et gardé cette activité ». Cette question met les enfants en perspective car à l’école ils s’engagent avec les enseignants sur plusieurs disciplines sportives dont deux s’inscrivent en fil rouge dans la programmation : le double-dutch et le base-ball. Ils ont d’ailleurs déjà rencontré Bruce Bochy, le prestigieux entraineur américain de base-ball né en 1955 à Bussac-Forêt et des joueuses sélectionnées au pôle france. Ils savent qu’ils peuvent poursuivre leur engagement dans cette activité au club des Drosers de Montendre. L’entraineur du club Jean-Lenoir anciennement professeur EPS au collège co-intervient déjà dans l’école en EPS.
Les élèves sont aussi intéressés par des points plus techniques de navigation sur le 49erFX. Ils pratiquent eux-aussi l’activité voile en CM1-CM2 dans le cadre de l’EPS sur la base nautique de Jonzac. « Sur ce bateau, je navigue debout et j’adore ça ! Je navigue au trapèze. Je tiens la barre. Mon équipière Charline tient l’écoute et nous devons être très synchrones pour aller là où nous voulons car le barreur seul ne peut pas diriger ce bateau. Nous devons bien communiquer. Je suis dans le vide parce que le vent pousse dans les voiles et je dois compenser cette force pour que le bateau ne se retourne pas. Je suis obligée de me pencher ». Alors « Es-tu déjà tombée dans l’eau ? OUI tous les jours et j’adore ça ! Sauf quand il fait très froid ! Ce n’est pas grave de tomber, c’est juste physique pour remettre le bateau à l’endroit et on dépense alors beaucoup d’énergie. Pour apprendre il faut rater, l’erreur fait partie de la progression comme en maths ou en français ». Ils sont surpris quand Sarah explique qu’elle n’a pas de bateau à elle, qu’elle navigue sur des bateaux qui lui sont prêtés par la fédération.
Questionnée sur ses participations aux JO, Sarah explique sa volonté de devenir maman et les contraintes de la vie de sportive de haut niveau « Il faut faire beaucoup de sacrifices, on voit moins les amis, moins la famille, on part à l’étranger mais on ne visite rien ». A la demande des enfants, elle liste les pays dans lesquels elle s’est rendue et la liste est longue « A la maison, j’ai une carte du monde sur laquelle je note les différents lieux de compétitions et/ou d’entrainement ». Tous les regards se tournent spontanément vers le planisphère affiché en classe pour suivre les indications de Sarah.
Elle raconte aux élèves son expérience lors des JO : « A Pékin, ma première participation, j’étais jeune, c’était très difficile, il fallait s’adapter en permanence. Il y avait un quart d’heure de marche pour aller prendre son petit-déjeuner dans une tente… J’ai adoré Rio car j’étais plus mature et plus présente…Je sais que je vais adorer Paris. Je rentre 6ème du championnat d’Europe où j’ai pris beaucoup de plaisir même si je n’ai pas gagné ! ».
Les échanges vont porter alors sur les ressentis et les émotions de Sarah, « des émotions fortes qu’il faut savoir accueillir pour les gérer, les dépasser. On apprend à mieux se connaitre soi-même ».
Durant les échanges, elle aborde son entrainement, sa régularité, sa quotidienneté, son intensité. Dans cette école les élèves et les adultes connaissent les recommandations d’APS pour leur tranche d’âge : une heure d’activité physique quotidienne à intensité modérée ou forte. Sur le temps scolaire les récréations actives sont en place et les élèves utilisent et gèrent le kit Génération 2024. Sur le temps périscolaire, la municipalité met à disposition un animateur proposant ou accompagnant les enfants dans leur pratique sportive. L’école s’était inscrite volontairement au dispositif 30mn APQ dès la proposition institutionnelle.
Aujourd’hui, lors des 30mn APQ sont proposés des défis Double-Dutch, défis vitesse, défi artistique, défis freestyle. Les propositions varient en fonction de la programmation en EPS tout au long de l’année.
Sarah ne repart pas sans avoir dévoilé deux de ses trophées : les deux titres auxquels elle tient beaucoup, le titre de Championne du monde et son titre de 5ème au JO de Pékin. « Mais quel est ton secret pour gagner ? Je dois ressentir du plaisir sur l’eau et du plaisir avec ceux avec qui je travaille ». Elle explique au 88 élèves de l’école l’histoire de l’arrivée de la flamme olympique dans le stade pour l’ouverture des jeux « A Pékin, l’athlète était sur un très grand vélo, tout en haut avec la flamme olympique, qui incarne un idéal de paix et d’amitié entre les peuples. Il est venu allumer celle du stade, celle qui brille de jour comme de nuit pendant toute la durée des JO. Ce moment est magique. Nous sommes comme dans une bulle, un cocon. Lors de cette cérémonie, nous sommes excités, joyeux, nous avons envie d’être là. A la fin des JO, au moment où il faut éteindre la flamme, j’ai ressenti de la tristesse, de la nostalgie ». On entend alors un des enfants, intrigué « Comment font-ils pour garder la flamme allumée ? Tu pourrais voir, toi, si elle reste bien allumée la nuit la flamme à Paris ? »
Avant de se quitter, petits et grands rejoignent la collation de fruits et d’eau offert par la municipalité. Des élèves demandent une autographe et le petit bout de ruban bleu blanc rouge qui s’échappe de la poche de Sarah est vite récupéré par une des élèves qui l’entoure !
Toute l’équipe et les élèves remercient Sarah d’être venue jusqu’à eux. Les applaudissements sont chaleureux. Sarah est comblée par ses partages qui sont si importants pour elle.