Tous à l’eau !!
Du 16 au 20 octobre 2023, 98 élèves de GS et 17 élèves de CP des écoles de Jonchery, Les Sables, Thairé et Croix chapeau, ont participé à une « classe bleue » au centre aquatique de Chatelaillon-Plage. L’objectif de ces classes bleues est bien de répondre à un enjeu majeur de notre société qui est la lutte contre les noyades chez les plus jeunes. A l’issue de celle-ci, les enfants doivent pouvoir évoluer en toute sécurité affective et objective : « Celle-ci se définit comme une première expérience positive de l’eau qui fonde la capacité à agir de façon adaptée dans une diversité de situations rencontrées en milieu aquatique. Envisagée comme un continuum ouvert d’acquisitions, l’aisance aquatique est particulièrement visée pour les enfants de moins de 7 ans. » (Note de service du 28-2-2022, BO n°9 du 3 mars 2022).
En raison de deux séances de 35 minutes par jour (une le matin, une l’après-midi) les élèves évoluent dans le grand bassin, sans matériel de flottaison. Ils se déplacent tout autour du bassin en se tenant à la goulotte puis progressivement ils s’emparent, quand ils se sentent prêts, des diverses propositions qui leurs sont faites. Ils comprennent peu à peu que leur corps est flottant, qu’ils peuvent entrer dans le milieu aquatique proximal de différentes manières et à différents endroits, s’y orienter et s’en extraire commodément, sans gêne.
Cette classe bleue avait la particularité de servir de support à une formation d’adultes d’une vingtaine de personnes, CPC mission EPS, MNS, enseignantes, venues de divers lieux de Charente-Maritime, et évoluant dans des contextes très différents notamment dans des bassins couverts comme à Châtelaillon-Plage ou d’extérieurs comme à Aigrefeuille d’Aunis.Cette semaine permet aux élèves de bénéficier de la mise à disposition de professionnels de la natation, spécifiquement formés à l’aisance aquatique ; pour les adultes stagiaires, cette formation est l’occasion d’échanger sur les pratiques, parler un langage commun et se préparer à accompagner au mieux les futures séquences d’aisance aquatique pour les classes de GS/CP en prenant en compte les particularités de leur contexte.
Hélène Brescia et Stéphanie Lemonnier, enseignantes sur Châtelaillon-Plage, se sont toutes les deux portées volontaires pour la participation de leur classe. Très motivées, elles souhaitaient également suivre la formation en tant que stagiaires, formation de 30 heures qui a nécessité l’attribution d’un remplaçant dans chacune des deux classes. Elles ont accepté toutes les deux de faire un retour sur cette expérience.
Une préparation indispensable en classe
En amont de la semaine, en classe ont eu lieu des échanges libres autour de la « piscine » pour laisser les questions, les éventuelles peurs, angoisses, envies émergées.
Les élèves n’étaient donc pas désorientés à l’arrivée sur le bassin : des échanges autour des photos de la piscine pour la mise en place du vocabulaire (vestiaires, pédiluve, bassin, plage…), sur le contenu du sac de piscine et une remise en ordre des photos pour mieux appréhender le déroulement d’une séance avaient été travaillés en classe auparavant.
Les règles de « Bien vivre ensemble » à la piscine avec affiche à l’appui ont été étudiées, des petits entraînements « Je sais me déshabiller/ m’habiller/ me sécher tout seul… » avec des mises en situation ont permis d’appréhender ce temps plus sereinement sur place.
A l’issue des séances, de retour en classe, les élèves ont pu s’exprimer et faire part de leur expérience et ressenti, notamment par le dessin. Certains dessins parleront d’eux-mêmes…
Retour sur cette expérience
Pour Hélène, les retours des élèves ont été très positifs : « même les plus inquiets concernant cette activité étaient très contents de leurs expériences. Le bémol était de devoir se changer plusieurs fois dans la journée ; certains ont trouvé les tours de bassin ennuyeux. »
Stéphanie, enseignante de l’école des Sables revient également quelques semaines plus tard sur le ressenti des élèves : « Excellents ! Ils étaient ravis de leur semaine. Certains ont emmené leurs parents à la piscine, notamment xxx qui craignait tant de mettre sa tête dans l’eau. J’en ai parlé avec la maman pour qu’elle s’habitue au moment de la douche à avoir le visage mouillé (ses cheveux frisés ne sont lavés qu’une fois par semaine et chaque fois la maman lui disait « Mets bien la tête en arrière sinon tu auras de l’eau dans les yeux ! »
Cette expérience incitera l’enseignante à expliquer l’importance de certains gestes aux parents qui pourraient permettre de lever certaines angoisses. « Dès ma réunion de rentrée, j’expliquerai aux parents l’intérêt d’habituer les enfants à avoir le visage mouillé lors de la douche ! »
Quant aux parents, ils étaient très contents et ont expliqué que leurs enfants semblaient plus à l’aise dans l’eau et qu’ils avaient progressé.
Quelques bémols concernant le rythme effréné ont tout de même été formulés. En effet, il faut une logistique et une organisation bien calibrée pour le lavage, séchage des maillots et serviettes. Beaucoup appréhendaient également la fatigue des enfants liée aux 2 séances quotidiennes, fatigue ressentie par certains d’entre eux. Stéphanie explique qu’une maman s’est montrée sceptique quant à l’intérêt pour son fils car « il n’avait désormais plus peur de s’approcher du grand bassin… ! ». En effet, suite au stage, il n’avait plus peur de s’approcher du bassin privé donc l’inquiétude de la maman s’est amplifiée puisque la surveillance allait être d’autant plus active !
L’enseignante rappelle donc l’importance de sensibiliser très fortement les parents sur un niveau de vigilance accru avec ou sans aisance aquatique. Les organisateurs de la classe bleue ont d’ailleurs tenu à ajouter sur le petit « diplôme-attestation de réussite » remis à chaque élève à la fin de la semaine, un mot adressé aux parents pour rappeler la vigilance et la surveillance qui doivent être constante quel que soit le niveau des enfants.
Voici le texte ajouté de l’autre côté de l’attestation :
Suite à cette semaine en tant que stagiaire, Stéphanie et Hélène et quelques formateurs ont accepté de répondre à quelques questions :
Quel(s) éléments(s) marquant(s) gardez-vous de cette formation ?
« Prendre le temps de se poser, d’observer les élèves et d’analyser leur comportement afin de mieux adapter les consignes au cas par cas, ne pas se sentir obligée de donner constamment une (nouvelle) consigne.
Par ailleurs, je donnerai un rôle plus limité aux parents. »
Les formateurs ont attiré l’attention sur le nombre d’expériences en une ou deux minutes sans donner de conseils aux élèves sachant que cette expérience est beaucoup plus ancrée si elle part des enfants eux même. Trop d’intervenants donnent des consignes autour du bassin, ce qui empêche finalement les enfants d’expérimenter par mimétisme ou par souvenir des consignes déjà données. Il est essentiel de prendre du recul et d’observer.
Les enseignantes ont trouvé le lien théorie/pratique très intéressant : les ressources apportées (vidéos, jeux de mise en scène, articles…), les discussions partagées, les enchaînements bassin/retour…
Avez -vous rencontré des difficultés, appréhensions avant le stage ? Pendant le stage ? Et si oui, lesquelles ? Ces appréhensions ont-elles été levées ?
Hélène fait part de petites appréhensions, en particulier par manque de connaissance du sujet, pour prendre les premières séances « mais les formateurs et stagiaires étaient bienveillants, heureusement… »
« Avant le stage, je m’interrogeais quant à la prise en charge de ce gros groupe d’élèves : Quelle organisation ? Quelle surveillance ? Finalement les trinômes de départ sont contraignants mais rassurants car nous sommes 3 pour un petit groupe d’élèves. » (Stéphanie)
En effet, le cadre de la formation d’adultes était ici très spécifique. Trois à quatre adultes étaient en charge d’un groupe d’élèves et afin que tous les stagiaires aient un rôle durant les séances, ils étaient tour à tour enseignant, surveillant et observateur.
Les CPC avec la mission EPS présents font le même constat : les formateurs ont ralenti le rythme au fur et à mesure des séances et les élèves ont beaucoup progressé. « La sortie de la logique de classe, de groupe est primordiale. Les élèves circulent tous autour du bassin dans l’eau. Les PE doivent avoir conscience des échelles de progression avec consigne à donner qui soit adaptée à un moment précis. Les élèves doivent passer et repasser et ils progressent. Bluffant ! Les élèves sont dans l’eau et actifs du début à la fin. »
Stéphanie poursuit sur ses inquiétudes « Pendant le stage, on doit agir sous l’œil d’experts de la natation et je ne me sens jamais légitime dans ces moments-là (comme lors des cycles piscine) mais les formateurs ont su instaurer un climat bienveillant d’échanges entre nous.»
Pensez-vous pouvoir réinvestir des éléments de cette formation dans votre pratique ?
« Bien sûr ! J’ai eu par ailleurs des réponses à mes interrogations. » (Stéphanie)
« J’espère que oui, mais le laps de temps important entre cette semaine de formation et la prochaine session va être un facteur négatif : beaucoup d’oublis et de réflexes, pour ma part. » (Hélène)
Quel changement de regard sur l’aisance aquatique portez-vous suite à cette formation?
Stéphanie : « J’avais déjà une opinion très positive sur le sujet l’ayant vécu 2 années de suite dans de bonnes conditions. Cela a conforté mon opinion même si on se sent quand même impuissant face à des enfants vraiment récalcitrants… Néanmoins ça peut débloquer des choses, pas forcément sur le moment mais dans la durée (exemple de XXX) d’où l’importance de l’échange avec les parents et les enfants pendant le cycle, ce qui est le point négatif de la formation, mais on ne peut pas tout avoir ! ». En effet étant stagiaire sur la formation, Stéphanie n’a pas pu faire le lien directement avec les familles tout au long de la semaine, d’autant plus que le stage était suivi de 2 semaines de vacances !
Hélène : « J’ai plus de connaissances sur le sujet. Pendant la semaine, mes observations étaient plus précises, car je savais mieux évaluer les actions/réactions des enfants. Je savais leur donner des nouvelles consignes/propositions. »
Quels conseils donneriez – vous ou recommanderiez-vous à de futurs enseignants de participer à une formation sur l’aisance aquatique?
Stéphanie : « Bien sûr ! C’est une chance de pouvoir suivre une formation de cette qualité. Merci Gwen et Dorothée ! Précieux moments que de pouvoir rencontrer et échanger avec des professionnels autres qu’enseignants. »
Hélène : « Se laisser porter par la formation, sans appréhension. Profiter des différents moments d’échanges, avec les formateurs et les stagiaires. »
Stéphanie : « J’ajouterais même que c’est à refaire dans d’autres domaines ! Je me souviens d’un stage d’une semaine en maths avec Mr xxx, professeur de mathématiques à l’IUFM quel bonheur ! Merci Laury de t’être investie pour notre participation ! »Hélène : « Merci à toi d’avoir lancé tout cela ! »
Cette formation d’adultes adossée à une classe bleue a été organisée par la Fédération française de Triathlon en partenariat avec la CDA de la Rochelle, gestionnaire du centre aquatique de Chatelaillon et la DSDEN17. Le financement est assuré par l’ANS (agence nationale du sport).
Merci à Sandra Petit, organisatrice locale pour la FFTri, à Dortohée Séné et Gwen Le Franc, formateurs Icare (https://icaresolutions.fr/), à Olivier Fesquet directeur du centre aquatique de Chatelaillon-Plage, à Pascale Bourdier et Renaud Bonnenfant cpdeps 17, à Mme Puisais inspectrice de la circonscription d’ASA, aux enseignantes titulaires et remplaçantes, aux directrices impliquées, aux élèves des 4 écoles….et au conseil départemental qui a réalisé les « diplômes-attestations de réussite ».
Laury SPOR conseillère pédagogique mission EPS de la circonscription d’Aunis Sud Atlantique