Vinca Escuer, professeur des écoles à Verrières (86)
« Je suis professeure des écoles depuis 2003. J’ai enseigné dans les 3 cycles, de la MS jusqu’au CM2 : 3 ans en maternelle (zone prioritaire) et 18 ans en élémentaire (campagne, ville). Tout au long de mes années d’enseignement, je me suis toujours questionnée sur « comment faire progresser mes élèves » ? Régulièrement, je me plaignais du manque d’attention et d’autonomie de mes élèves et j’avais souvent l’impression de répéter plusieurs fois la même chose. J’ai rapidement douté de ma pratique de classe : est-ce que je m’y prends bien ? Je ne suis peut-être pas faite pour ça. Et puis je me suis dit qu’il fallait que j’aborde différemment mon métier. J’ai donc commencé à changer mon organisation pédagogique en me dirigeant vers la classe flexible. Mais ça ne suffisait pas. Il fallait aller plus loin.
De fil en aiguille, je me suis rendue compte que, pour progresser, il fallait que mes élèves comprennent pour quoi ils travaillaient et comment faire pour apprendre. J’ai donc étudié les neurosciences et passé une certification en psychopédagogie positive en 2021. Et là, révélation ! Moi qui pensais être une extraterrestre, j’ai rencontré d’autres enseignantes dans la même situation : je n’étais pas seule. Parallèlement à cela, en m’inscrivant sur des groupes de travail sur les réseaux sociaux, j’ai pu rencontrer ma collègue actuelle (Cécile G) avec les mêmes idées. Ensemble, nous avons continué à nous questionner et à progresser chacune dans nos classes.
En 2022, elle m’annonce qu’un poste se libère dans son école. Je postule et en septembre 2022, nous sommes réunies sur l’école de Verrières. Cette même année, le dispositif NEFLE est proposé. Cécile me dit : « Et si on montait un projet NEFLE en proposant à toutes les collègues de former une cogni’école ? ». Après discussions et « levages » d’inquiétudes, nous avons toutes embarqué dans ce projet. Nous en sommes au début et nous tâtonnons beaucoup : on essaye, on rate, on transforme, on recommence…..Mais cela a créé un climat scolaire apaisé avec une équipe enseignante soudée. »
Christine Morin, professeur de SVT, collège de Gencay (86)
Je suis enseignante de SVT en collège depuis 28 ans. Particulièrement sensibilisée aux neurosciences de par ma formation initiale, je m’intéresse aux sciences cognitives depuis une dizaine d’années et surtout à leurs apports pour faciliter les apprentissages des élèves. En effet, au fur à et mesure du temps, avec l’évolution de la société, les élèves changent et nous nous devons de changer avec eux et de leur apporter de plus en plus d’éléments pour leur permettre de mieux apprendre mais aussi de mieux s’épanouir avec nous.
J’ai donc décidé d’utiliser dans mes classes plusieurs outils liés aux sciences cognitives (en matière d’attention, de mémorisation et de compréhension) tout en mettant en place une Cogniclasse sur le niveau 6e. Cependant, mes collègues et moi-même nous sommes vite heurtés à un constat qui desservait les outils que nous employons c’est-à-dire la configuration fixe de nos salles et la quasi impossibilité de pouvoir bouger le mobilier afin de structurer l’organisation de notre enseignement de façon à nous adapter davantage aux différents besoins des élèves : autonomie, mouvement, appartenance sociale.
C’est suite à ce constat que nous avons décidé de préparer un projet de Classes flexibles sur 2 salles de notre établissement : la salle du dispositif ULIS et une salle de sciences. Les 2 salles transformées pouvant être réservées par les enseignants du collège au gré de leurs envies et des nécessités de leur enseignement. Le but étant de créer des « espaces » différents pour que les élèves puissent tour à tour travailler et coopérer en petits groupes, se détendre ou s’isoler dans un coin calme, travailler seul temporairement … le mobilier mis en place permettant une réelle mobilité avec des assises flexibles et très variées de façon à ce que les élèves puissent se retrouver dans des conditions plus en adéquation avec leurs besoins afin de faciliter leurs apprentissages et leurs réussites. Cette organisation alliée à une pédagogie active par feuille de route ou plan de travail devrait permettre de développer les compétences cognitives des élèves notamment leur attention et leur compréhension ainsi que les compétences sociales.
Le projet ayant fait l’objet d’un dossier NEFLE (affiche de présentation ci-dessous), il a été validé en février donc le nouveau mobilier ne sera mis en place que courant mai. Nous avons bon espoir que cela facilite les choses car diverses petites tentatives ponctuelles (balles anti-stress, ballons et galets d’assises…) nous ont déjà rapporté des témoignages très positifs de la part des élèves.
Antoine CORRE, école Jean Jaurès – Surgères (17)
Je suis professeur des écoles depuis 15 ans, actuellement en CE1-CE2, et directeur de l’école élémentaire Jean Jaurès de Surgères depuis 4 ans.
Avant d’arriver à Surgères, j’ai enseigné pendant 6 ans dans une école très rurale en CE2-CM1-CM2. La problématique du triple niveau m’a conduit à réfléchir sur mes pratiques pédagogiques, afin de répondre à la grande hétérogénéité du groupe classe et au besoin indispensable d’autonomie. Je me suis donc orienté petit à petit vers les pédagogies institutionnelles (issu du mouvement Freinet et initié par Fernand Oury notamment). La mise en place progressive de différents outils (ceintures de comportement et de compétences, tutorats, conseil de classe coopératif, quoi de neuf, tétra-aide) a permis de répondre en partie à la problématique de l’hétérogénéité, mais nécessitant une préparation conséquente en amont afin d’être réellement disponible pour les élèves.
Cela m’a également conduit à prendre du recul et d’adopter une posture différente, plus dans l’observation et l’accompagnement des élèves.
L’intérêt pour la classe flexible est venu naturellement par la suite, en questionnant notamment le bien-être des élèves. L’aménagement de l’espace s’est fait par étapes (chambres à air au pied des tables, organisation en îlots de travail, casques anti-bruits, coussins, ballons), permettant de tester chaque nouveauté une à une. Certaines tentatives furent des échecs, notamment l’utilisation de pédaliers, trop bruyant et sans apport pour les élèves les utilisant. Les espaces annexes de l’école ont également été investis, le couloir en particulier.
Le truc en + : aujourd’hui, la mise est place d’un coin regroupement dans la classe, à l’image de ce qu’on trouve dans les classes maternelles, est devenu un incontournable, sur lequel je ne reviendrai pas. Outre le fait de répondre aux besoins de bouger des élèves, il permet de capter l’attention du plus grand nombre.
Anthony GOICHON, école de Bernay-Saint-Martin (17)
Je suis directeur de l’école de Bernay-Saint-Martin (6 classes) depuis 5 ans et enseignant en CE1/CE2.
Plusieurs élèves de ma classe avaient des difficultés d’attention et de concentration. Il leur était difficile de rester à leur place, ils « gigotaient » sans cesse. J’ai dû donc réfléchir à revoir ma manière d’enseigner pour leur permettre de bouger, de changer de posture tout en apprenant. Après quelques recherches, ma réflexion s’est portée sur les classes flexibles. J’ai débuté par mettre des élastiques aux pieds des tables, autoriser les élèves à changer de place, se déplacer tout en gardant le cadre de ma classe. En septembre 2019, j’ai totalement revu la disposition de ma classe pour me lancer dans le « total flexible ». Cependant, je me suis vite mis en difficulté car j’avais du mal à lâcher-prise, voulant garder le contrôle de ma classe et le groupe classe n’adhérait pas à cette nouvelle pratique. Avec les élèves, nous avons donc décidé ensemble de revenir à une manière de travailler plus classique en intégrant des temps dédiés à un enseignement plus flexible. Au fur et à mesure des semaines, l’aménagement de la classe a évolué tout comme mes pratiques. Aujourd’hui, après plusieurs essais, j’ai repensé l’organisation de ma classe qui est composée de différents espaces comme une table haute face à une fenêtre, un coin regroupement avec tapis et coussins … et de différents outils comme des tabourets Mogoo, des Ztools, des ballons … qui est adaptable et revue selon les différents groupes. Nous travaillons parfois en ateliers, parfois en collectif ou de manière individuelle. Les élèves utilisent le matériel selon leur besoin du moment. Ce changement de posture m’a permis de développer davantage la coopération, l’autonomie et la prise d’initiative que j’ai souhaité mettre au cœur des apprentissages dans un souci de bien-être général, de mes élèves et de moi-même.
Le plus de ma classe : rendre mes élèves plus autonomes (plan de travail, ateliers) m’a permis d’être plus disponible pour répondre davantage aux besoins de chacun.
Sophie LEBOEUF – Paul Bert – Cycle 2 – Saintes (17)
Ayant enseigné pendant de nombreuses années en maternelle, j’ai expérimenté différentes modalités d’enseignement en cycle 1. A présent maître-formateur en cycle 2, j’ai voulu transférer certains éléments dans ma pratique en CP-CE1 et offrir à mes élèves la possibilité de :
-s’inscrire à un atelier parmi plusieurs possibles
-aller chercher son matériel en autonomie et s’installer à un endroit pertinent ou dédié à l’activité
-être en réussite sur différents types de tâches et garder une trace de ces réussites
-avoir des modes de regroupement variés : classe entière, 1/2 groupe, petit groupe ou travail individuel
C’est donc tout naturellement que j’ai adopté la flexibilité dans ma classe.
Stéphanie Bourdon – CP – St Agnant (17)
J’ai souhaité modifier ma façon d’enseigner en CP afin de mieux répondre à l’hétérogénéité des élèves, à leur besoin de bouger et au désir de les rendre acteurs de leurs apprentissages.
J’ai testé divers ateliers et modalités de travail pendant une année, mais je me suis heurtée au fait que mes élèves avaient leur matériel dans leurs casiers de bureaux, ce qui entravait la fluidité des mouvements et des déplacements de groupes dans la classe.
La mairie ayant accepté de me fabriquer un meuble bas avec 24 casiers pendant l’été, j’ai donc pu réaménager mon espace classe pour imaginer une nouvelle pédagogie, dans laquelle alternent les phases d’apprentissages collectifs en classe entière, en moitié de classe, en petits groupes, ou individuelles.
La seconde année, j’ai ajouté une feuille de route qui permet aux élèves de choisir l’ordre de réalisation de huit ateliers sur la semaine. Le choix de l’activité à réaliser est extrêmement motivant pour les élèves. Voir Article sur la différenciation
Cette transformation demande beaucoup de réflexion et d’investissement en temps de la part de l’enseignant. Mais c’est une véritable satisfaction de prendre plaisir à enseigner ainsi, de voir tous ses élèves engagés dans les activités proposées, et progresser dans les apprentissages.