Définition : La concentration est la capacité à maintenir la conscience sur une seule cible, la plus pertinente au milieu de multiples sollicitations et sur un temps prolongé sans se laisser distraire.
Pourquoi est-ce important d’éduquer à l’attention ? La crise de l’attention –> Vidéo de Jérôme Hubert
L’attention est un apprentissage à part entière dans la classe. Nous pouvons accompagner nos élèves à travers les pistes suivantes. Les ressources proviennent entre autres du site Apprendre et Former avec les Sciences Cognitives et de différentes lectures des formateurs.
Piste 1 : Enseigner l’attention
Piste 2 : Identifier les distracteurs et apprendre à les bloquer
Piste 3 : Aménager l’espace
Piste 4 : Varier les modalités de travail
Piste 5 : Proposer des pauses attentionnelles
Piste 1 : Enseigner l’attention
Le guide pédagogique « Enseigner aux élèves comment apprendre » propose un accompagnement guidé et progressif en 55 séances pour « apprendre à apprendre » : fonctionnement du cerveau, attention, mémoires, automatismes, compréhension, émotions.
- Des séances courtes de 15 minutes à programmer librement en début ou fin de cours.
- Des séances dynamiques s’appuyant sur des diaporamas et des vidéos.
- Un accompagnement pas à pas, nourri des pratiques des Cogni’classes.
- Des outils déjà testés et validés par des enseignants, tant dans leur faisabilité que leur efficacité.
Le guide « Être bien pour apprendre » propose des outils concrets pour intégrer les sciences cognitives dans sa pratique de classe, via une démarche portée par deux enseignantes de terrain, formées aux sciences cognitives, qui ont testé toute leur démarche dans leur classe.
Elle facilite l’apprentissage, améliore la concentration des élèves et favorise un bon climat de classe.
Le travail de Jean-Philippe Lachaux et son équipe propose des séances pour travailler l’attention avec les élèves.
Les petites bulles de l’attention
Piste 2 : Identifier les distracteurs et apprendre à les bloquer
Grâce aux séances d’enseignement, les élèves vont progressivement apprendre à identifier les distracteurs attentionnels et à les bloquer. Cela va s’accompagner des gestes professionnels de l’enseignant. L’enseignant va alerter lorsque l’élève est en double tâche, il va aider l’élève à se recentrer sur la tâche, etc. On va utiliser la métaphore de l’abeille qui butine ou celle du mode marionnette (cf. Les petites bulles de l’attention) pour aider les élèves à identifier les distracteurs. Cette piste 2 ne peut se faire sans la piste 1 ! Mais la piste 1 ne sera pas suffisante car c’est aussi les gestes professionnels de l’enseignant qui vont évoluer.
Piste 3 : Aménager l’espace
Lorsque l’élève sait identifier les distracteurs attentionnels, il va être à même d’utiliser les outils mis à sa disposition pour les limiter. D’abord, il sera sans doute nécessaire de l’accompagner dans le choix de son installation et des outils utiles. Progressivement, il saura identifier seul ses besoins.
Couper les distracteurs sonores avec le casque anti bruit :
Ou bien en s’isolant dans la classe :
Couper les distracteurs visuels :
Isoloir fabriqué avec un carton récupéré à la cantine et recouvert d’une feuille canson (on en voit un autre en arrière plan de côté) :
L’aménagement de l’espace est donc un levier pour améliorer et permettre l’attention des élèves.
Lorsque nos élèves sont installés classiquement en frontal, les dernières tables sont généralement très éloignées du tableau où se trouve l’enseignant. Ainsi, ils n’ont pas le même accès visuel et auditif que les élèves placés plus près. De plus, entre l’enseignant et eux se trouvent de nombreux élèves qui sont autant de sources distrayantes. Permettre à tous les élèves d’être près de l’enseignant est un facteur d’égalité des chances. Cette proximité entre les élèves et l’enseignant favorisera des interactions entre eux, des interactions avec le tableau qui est proche (pas besoin de traverser toute la classe pour venir montrer quelque chose ou déplacer une étiquette). Cette proximité permettra également de manipuler plus aisément du matériel. L’enseignant pourra réguler les comportements par un simple regard ou toucher sur l’épaule. Cet espace permettra également d’éloigner la source bruyante (= élèves en dirigé avec l’enseignant) des élèves travaillant en autonomie dans d’autres espace de la classe. Il est finalement un non-sens de demander aux élèves d’être attentifs alors que juste à côté d’eux ou bien devant eux se déroule une activité attrayante menée par l’enseignant qui discute avec des élèves.
Piste 4 : Varier les modalités de travail
Une succession de gestes professionnels va aider les élèves à maintenir leur attention. On pense à varier les modalités de travail à l’intérieur d’une séance et de la journée. Par exemple, pendant une séance de 45 minutes, on peut commencer avec un rituel, sécurisant, permettant éventuellement de réactiver mais aussi de démarrer en mettant les élèves en situation de réussite. Ensuite, on proposera une situation d’apprentissage puis des phases d’entrainements individuel et collectif. On alterne également le travail à l’oral et à l’écrit. Il est important que les activités d’intensité attentionnelle haute, moyenne et basse se succèdent.
Bien sûr, pour permettre l’attention de nos élèves, les activités proposées doivent être motivantes. Pour cela, l’élève doit avoir un intérêt à réaliser la tâche, se sentir compétent et exercer un contrôle dessus. La notion de choix sera également fondamental dans l’engagement actif des élèves et donc de leur attention.
De plus, pour qu’il y ait attention, il doit y avoir motivation et la motivation est la conséquence du Sentiment d’Efficacité Personnelle de l’apprenant. C’est Alain Bandura, psychologue américain du XXème Siècle qui a introduit ce concept de SEP et la théorie sociale cognitive. Ce sont les croyances de l’individu en leur SEP qui vont influencer leurs actes et leurs comportements. Le SEP n’est pas uniforme et peut être variable selon les domaines. Un SEP fort aidera à dépasser les échecs alors qu’un SEP faible ne permettra pas à l’apprenant de s’engager.
Comment nourrir ce SEP ?
- Expériences de maitrise qui servent d’indicateur de capacité. Pour cela, proposer un cadre bienveillant et discuter des réussites. Cela enverra le message à l’apprenant que la réussite n’est pas liée au talent mais bien à des efforts et des stratégies efficaces.
- Persuasion verbale que la personne va apprendre
- Etats physiologiques et émotionnels respectés / accompagnés
Une autre psychologue américaine, Carol Dweck a développé la théorie implicite de l’intelligence, dans laquelle elle oppose l’état d’esprit fixe et l’état d’esprit dynamique. C’est l’état d’esprit dynamique qui permettra à l’apprenant de s’engager car il croit en ses capacités et donc ses possibilités de réussir. A l’inverse, un état d’esprit fixe désengagera l’apprenant qui ne pensera qu’à l’échec.
Piste 5 : Proposer des pauses attentionnelles
Les pauses peuvent être à l’initiative de l’enseignant mais également à la demande des élèves. On peut imaginer un réservoir de pauses possibles dans une boîte. Ces pauses seront notamment intéressantes lors des transitions afin de faire redescendre le niveau attentionnel. Il sera plus aisé ensuite de solliciter l’attention nécessaire requis pour la nouvelle activité.
Plusieurs pistes possibles :
- Ecouter de la musique et notamment le genre LOFI
- Proposer des séances de calme mental, à retrouver ici sur le site Apprendre et Former avec les Sciences Cognitives
- Séances de respiration guidée. Le CARDIE de Poitiers a réalisé en 2018 une expérimentation afin d’observer les effets sur le climat scolaire et les apprentissages –> à retrouver ici
- Des exemples de séances de respiration guidée
- Des exemples plus classiques mais très efficaces : offrir une lecture courte, faire un jeu d’imitation ou un jeu d’observation dans la classe, raconter des blagues, danser, etc.